Le monde est Beau  est Pourri  s'écroule doit réagir nous aime

Alone – Science-Fiction et espace – Chapitre 2

Bercé par la musique diffusée dans son vaisseau, John poursuivait ses analyses. La vie hors de la terre semblait possible, mais les conditions devaient être scrupuleusement respectées.

La survie des végétaux demande un maximum d’attention. Kaï lui, semblait se plaire dans ce cadre. Pour lui tout est facile, les déplacements, la nourriture qu’il n’avait qu’à demander à John, mais également le jeu, activité qui occupait la plus grande partie de son temps.

Parfois quand il voulait se reposer, Kaï montait en haut des vitrines et s’asseyait sur leur rebord. Placé à une hauteur de près de cinq mètres, il avait une vue superbe sur l’ensemble de la salle. L’image de la vaste étendue de verdure était encore plus impressionnante lorsque le mur diffusant l’image de la terre était désactivé, laissant apparaitre le vide de l’univers et ses étoiles innombrables.

Le vaisseau avait été étudié spécifiquement pour cette mission avec la participation de John, celle de pouvoir expérimenter la botanique dans le milieu extra-terrestre.

Etant seul à bord, l’architecture devait lui convenir au mieux. De ce fait, la pièce de repos était équipée d’un simple sofa et de lectures diverses. Les murs étaient ornés de photos de ses parents, mais également de ses amis. La cuisine spacieuse, qui rappelait une photo trouvée dans un catalogue de cuisiniste, donnait l’impression d’être chez soi plus qu’au travail.

Les différents sas entre la zone d’étude et celle de vie étaient tous décorés de schémas faits à la main et de
nom de plantes en latin. On aurait pu se croire, de prime abord, dans un jardin des plantes, ou au musée de la botanique, mais on était bel et bien dans un lieu de haute technologie, étudié pour les expériences, et non pour la beauté.

Même la « chambre » de Kaï avaient été faite selon les demandes de John, comme une chambre d’enfant, avec en supplément des éléments d’escalade. Les murs étaient multicolores sans toutefois être criards, et rappelait une salle de garderie.

De l’intérieur, le vaisseau était comme une maison d’architecte, à la différence prêt que celle-ci à un moteur à ions et navigue dans l’espace profond.

Chaque élément étudié dont on pouvait tirer des informations était envoyé sur terre par le biais d’un petit module, de la taille d’une bouteille d’eau. Le module était guidé par un système de navigation dans lequel était enregistrée la destination. Chaque module était programmé pour retourner sur terre et atterrir dans le coffre de réception prévu au centre d’étude.

Le système faisait penser aux tubes pneumatiques que l’on pouvait voir il y a bien longtemps aux caisses des
supermarchés et permettant de faire transiter dans l’ensemble du bâtiment, des papiers ou billets de banque, pour éviter d’avoir de long déplacements à faire.

Le module était placé dans un sas, et après une pression sur le bouton d’éjection, il faisait route vers la terre. Un
appel radio de sa part permettait au personnel du laboratoire informé de la venue d’un module.

Malgré son utilisation pacifique, le vaisseau était équipé d’un léger armement, se limitant à une mitrailleuse traditionnelle, envoyant des projectiles d’acier, et de quelques roquettes.

John n’avait eu à utiliser qu’une seule fois son armement, lors d’un de ses premiers vols, dans le but de détruire une masse rocheuse spatiale. Non pas qu’il fut en danger, mais dans le simple but de savoir se servir de son artillerie.

Cela faisait deux mois qu’il était dans l’espace, et avait envoyé une dizaine de modules d’analyse. Certains étaient utilisés pour évacuer les plantes n’ayant pas supportée la vie dans l’espace et devaient donc être étudiées plus finement, d’autres pour transmettre de la terre pour analyse.

Dès qu’une plante avait un comportement anormal, John faisait, ou faisait faire toutes les analyses possibles pour en comprendre les causes. N’ayant utilisé que peu de module sur les cinq milles prévu par mission, il lui en restait une bonne quantité, et pouvait espérer rester encore un bon moment dans l’espace à profiter de ses plantes et du calme
présent.

De plus, pour gagner du temps, il pouvait compter sur Kaï, qui accomplissait avec plaisir les taches d’arrosage et le dosage de l’engrais, parfois liquide, parfois en granulé qu’il fallait intégrer à même la terre.

-Kaï, appela John, tu as vu comme celle-ci pousse ? on dirait qu’elle voudrait nous regarder !!

Effectivement, la plante indiquée par John semblais diriger ses feuilles, non pas vers le haut, comme on peut le voir habituellement, mais semblaient faire face à son observateur, comme autant de visage qui vous épieraient.

Avant que John ai fait ses propres analyses sur la plante, il savait que cela était dû aux gênes de tournesol qu’il avait implanté.

Nous allons l’appeler Joconde

D’un hochement de tête, Kaï montra son accord, sans pour autant savoir de quoi parlais John.

Chaque plante, pour laquelle une avancée positive se faisait sentir se vis affublée d’un nom, souvent issue de la culture personnelle de John

Histoire, art, sport, chaque discipline était représentée dans le laboratoire. Les arbres prenant des noms masculins, les fleurs, féminin.

L’idée lui était venue de Sofiane, qui, lorsqu’ils accédèrent à l’université, donnait des noms à ses plantes. Même si de son coté, Sofiane étudiait la chimie, il continuait à cultiver ses plantes, et s’il n’avait pas la culture botanique de John, il restait incollable dans son domaine.

Sofiane donnais des noms de basketteur américain à ses plantes, ce qui lui permettait d’être un peu plus discret lors de ses différents échanges avec ses clients. John avait toujours eu peur que Sofiane ait des problèmes à cause de son trafic, que ce soit par la justice ou par des clients mécontents.

Heureusement, Sofiane ne faisait son trafic que pour rentabiliser son investissement, et non pour gagner réellement de l’argent.

Il faisait beau temps. On ne pouvait pas vraiment parler de climat. Il faut dire que la météo est invariable dans l’espace, aucun nuage n’étant présent pour masquer les rayons des étoiles.

Un peu de musique rock du 20eme siècle, et le travail semble plus plaisant. Non pas qu’il est désagréable, mais un peu d’animation donne de l’entrain.

John avait pris le reflexe de travailler en musique.

Ses longs échanges sur le sujet avec le Professeur Martinez, l’avait finalement amené à apprécier la musique en travaillant.

Comment réagissent les pommes de terre dans un bac de terreau avec une gravité artificielle ?

Plutôt pas mal, même si le délai pour atteindre un volume acceptable se fait plus long.

Kaï, qui n’avait que faire des pommes de terre, se prenait d’affection pour un ficus placé au bord de la pièce agricole. Il
aspergeait les feuilles et les essuyais avec douceur. C’était impressionnant de voir une espèce animale se comporter de la sorte.

Si le bonheur peux se traduire, alors ce serait une version acceptable, faire quelque chose que l’on aime dans un cadre agréable et en bonne compagnie.

Alors que tout semblait aller pour le mieux, la voix de « ? » se fit entendre dans tout le vaisseau.

« ALERTE » « ALERTE »

« Danger Imminent périmètre terrien »

« ALERTE » « ALERTE »

« Danger Imminent périmètre terrien »

Laissant tomber les instruments qu’il utilisait, John coupa l’alarme et se précipita, suivi de Kaï, au poste de commande pour constater les faits. Sans comprendre pourquoi, un voile de vapeur semblait se former à la surface de la terre.

L’image, sans être extrêmement nette, était de bonne qualité.

La terre n’étant pas visible du vaisseau, l’image provenait d’un ensemble de satellite relais qui permettait de communiquer au travers de la galaxie. On pouvait y voir un brouillard gris absorber l’ensemble du globe et épaissir à vue d’œil.

C’était impressionnant, voir la surface de la terre recouverte à un point qu’on ne distinguait plus un seul relief à la surface, ni même le moindre point bleu de mer. John n’eut aucun mal à s’imaginer le drame en place. La terre était en train de cuire à la vapeur.

L’effet du réchauffement climatique et la vague de chaud subie depuis quelques années était arrivée à son apogée.

L’eau des mers était en train de se vaporiser pour prendre la place de l’air et de ce fait, était en train de détruire toute trace de vie terrestre.

Cette supposition fut confirmée par la voix de « ? »

« Température terrestre moyenne : 45° »

« Température terrestre moyenne : 50° »

« Température terrestre moyenne : 60° »

A cette allure, personne n’eut le temps de se rendre compte de ce qui arrivait.

« Température terrestre moyenne : 65° »

Trop rapide pour agir…

« Température terrestre moyenne : 70° »

Trop lent pour ne pas souffrir…

John restait sans voix, les larmes commençant à se former au coin de ses yeux traduisaient une émotion forte. Ses jambes ne le portaient plus. Il dut prendre appui sur le bord de la console de commande pour ne pas tomber, se laissant glisser doucement jusqu’à se retrouver à genoux sur le sol.

Kaï, qui ne comprenait pas grande chose à ce qu’il se passait, regardait le commandant, la tête penchée sur le côté, d’un air interrogatif.

Il descendit du fauteuil dans lequel il était et pris la main du commandant. John eu beau essayer d’établir un contact avec la station Mère, ses tentatives restèrent vaines.

Aucune réponse à ses appels, juste le bip régulier lui indiquant que son matériel était fonctionnel et bien connecté aux différents relais.

Seul, il était vraiment seul maintenant.

Même s’ils n’étaient plus là, il pensa à ses parents, à Kelb, ainsi qu’à tout ce qu’il avait vécu sur terre.

Comment pouvait-on tout perdre en si peu de temps.

Ses racines, ses repères. Et puis il pensa à Sofiane, qui depuis l’époque du lycée avait été son seul et vrai ami.


Fin du chapitre 2


Chapitre précédentListe des chapitresChapitre suivant